LES COQUELICOTS / GUBIJINSO VOSTFR 1935
Un partage signé Yann
Les Coquelicots
Titre Anglais : The Field Poppy
Autres Titres : Gubijinsô / Poppies
Réalisé par : Mizoguchi Kenji
Année : 1935
Pays : Japon
Genre : Drame
Durée : 72 mins
Interprète par
Iwata Yukichi
Umemura Yoko
Takeda Kazuyoshi
Okura Chiyoko
Nijo Ayako
Negishi Toichiro
Natsukawa Daijiro
Miyake Kuniko
Koizumi Kasuke
Producteur : Nagata Masaichi
Scénariste : Ito Daisuke
Histoire originale : Natsume Soseki
Monteur : Sakane Tatsuko
Directeur photo : Miki Minoru
Scénario : Un orphelin, recueilli par un provincial au grand cœur, devient un brillant étudiant dans la capitale et va se détourner de la fille de son bienfaiteur, avec laquelle il fut élevé, pour convoiter une jeune et riche héritière…
Critique
Durant la même année que son film La Cigogne de Papier en 1935 et juste avant son excellent Les Soeurs de Gion en 1936, Kenji Mizoguchi réalise un film tiré d’une histoire originale de Natsume Soseki et scénarisé par Ito Daisuke, offert dans une version restaurée par Carlotta, qui a tout tenté pour redonner une seconde jeunesse au film, malgré de nombreuses imperfections, de griffures et de gros soucis de son, mais pour un amateur du cinéaste tel que moi, ce n’est en rien rédhibitoire et je me suis tout de même plongé dans cette œuvre, véritable film du patrimoine japonais.
En bonus du film, on retrouve une présentation de deux petites minutes du film par Pascal Vincent en voix off des images de l’œuvre.
C’est donc un an avant la réalisation de son film Les soeurs de Gion que Mizoguchi met en avant le fossé entre la tradition et la modernité du Japon, sous les traits d’un vieux professeur à la retraite qui accompagne sa fille Sayako à Tokyo pour qu’elle puisse se marier à Ona, son plus vieil ami d’enfance, cependant, celui-ci est attiré par Fujio, une jeune femme moderne, elle-même fiancée à Munechika, alors, Ona se retrouve forcer de quitter Sayoko pour réaliser son désir.
C’est donc entre un mélodrame et une critique de la société que l’œuvre Les Coquelicots se place, en dressant un portrait de deux femmes, comme Mizoguchià l’habitude de le faire, deux femmes opposées par leur éducation, leur style de vie et leur monde social, pourtant rattaché par la même chose, l’homme qu’elle aime, Ono, un homme incapable d’assumer les choix qu’il effectue.
On retrouve donc d’un coté, l’incarnation de la tradition sous les traits de Sayako, une jeune fille réservée, naïve et encore pure et de l’autre Fujio, rebelle, presque dévergondée, parlant des plaisirs du corps sans être pudique, allant même jusqu’à proposer en mariage Ono, chose qui ne se faisait pas en provenance d’une femme à cette époque.
Les Coquelicots est un film qui ne fût pas apprécié de Mizoguchi, un film selon lui quelque peu raté, loin de la recherche d’esthétique qu’il a menée pour ses deux autres films de la même époque, La Cigogne en Papier et Oyuki, la vierge et qui contrairement à cette œuvre-ci, mettait une relation directe la confrontation de la modernité et de la tradition.
Ici, ces deux mondes ne sont opposés que de façon théorique puisque les personnages de Sayako et de Fujio ne se croisent jamais, hormis dans une brève rencontre dans les ruelles de Tokyo, autrement, il ne s’agit que d’un comparatif de deux situations.
C’est donc finalement les hommes qui sont toujours impitoyables, qui font la loi des décisions et qui nous renvoient vers les limites de la femme en société et donc du thème de prédilection de Mizoguchi, sur le sort des femmes dans la société japonaise.
Alors que Isuzu Yamadaétait enceinte à ce moment, c’est Kuniko Miyake qui débute dans le rôle de Fujio et qui deviendra par la suite une actrice importante du cinéma d’Ozu durant les années 50.
Au final, Les Coquelicots reste une curiosité intéressante pour les amateurs du cinéma de Mizoguchi, un prémice à son film Les soeurs de Gion, qui sortira une année plus tard, un film qui manque de la qualité qui fera la renommé plus tard du célèbre défenseur des femmes, mais qui reste selon moi, une intrigue non dénuée d’intérêt.